Réforme de l’assurance chômage : ce qui change depuis le 1er avril 2025
Entrée en vigueur le 1er avril 2025, la réforme de l’assurance chômage introduit une série d’ajustements visant à adapter le régime à l’évolution du marché du travail et aux équilibres budgétaires. Cette réforme, qui s’applique à l’ensemble des demandeurs d’emploi, a des effets différenciés selon les profils. Elle comporte notamment des mesures ciblées à l’égard des seniors et des créateurs d’entreprise. Voici les principaux changements à retenir.
Mensualisation des allocations : une base uniformisée
L’un des changements majeurs introduits par la réforme concerne le mode de calcul des allocations. Celles-ci sont désormais versées sur la base d’un mois forfaitaire de 30 jours calendaires, quel que soit le mois de l’année. Cette mesure vise à simplifier la gestion des droits et à garantir une meilleure lisibilité pour les bénéficiaires. Elle s’applique à tous les allocataires, y compris ceux dont l’indemnisation a débuté avant le 1er avril 2025.
Demandeurs d’emploi de 55 ans et plus : ce que prévoit la réforme
La réforme prévoit des modifications spécifiques pour les demandeurs d’emploi âgés. Les durées maximales d’indemnisation sont désormais fixées à 685 jours (soit 22,5 mois) pour les personnes âgées de 55 ou 56 ans, et à 822 jours (27 mois) pour celles âgées de 57 ans et plus. Ces aménagements s’inscrivent dans une logique d’adaptation à l’allongement des carrières professionnelles.
Par ailleurs, une mesure importante concerne la dégressivité de l’allocation chômage, qui s’applique après six mois d’indemnisation aux bénéficiaires percevant une allocation journalière supérieure à un certain seuil. Les allocataires âgés de 55 ans ou plus en sont désormais exemptés, alors que cette exonération ne s’appliquait auparavant qu’à partir de 57 ans. Cette évolution vise à mieux accompagner les seniors dans leur retour à l’emploi, en tenant compte des difficultés accrues auxquelles ils sont confrontés.
Créateurs d’entreprise : des règles de cumul plus restrictives
Le régime applicable aux créateurs d’entreprise est également modifié. Pour bénéficier de l’ARCE (Aide à la reprise ou à la création d’entreprise), le versement du second acompte est désormais conditionné à l’absence d’un contrat de travail en CDI à temps plein. En outre, le cumul de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) avec les revenus issus d’une activité non salariée est désormais plafonné à 60 % des droits restants.
En cas de cessation d’activité entrepreneuriale, les droits ARE peuvent être réactivés, mais uniquement après application d’un différé spécifique. Ces nouvelles règles visent à encadrer plus strictement les situations de cumul afin d’assurer une cohérence avec les objectifs de retour à l’emploi.
Travailleurs intermittents et contrats courts : des ajustements techniques
D’autres mesures concernent les parcours professionnels fragmentés ou saisonniers. La durée minimale d’activité ouvrant droit à une indemnisation est abaissée à 5 mois (au lieu de 6) sur une période de référence de 24 mois. Cette mesure s’adresse notamment aux travailleurs saisonniers ou alternants aux parcours discontinus.
En parallèle, le droit à reprise de l’indemnisation antérieure est facilité. Un allocataire qui interrompt son chômage pour occuper un emploi de courte durée — moins de 88 jours travaillés ou 610 heures — pourra récupérer ses droits sans devoir reconstituer intégralement sa période d’affiliation.
Conclusion : quels impacts pour les profils fragilisés ?
Si cette réforme s’inscrit dans une logique de responsabilisation et d’efficacité budgétaire, ses effets ne sont pas uniformes. Les seniors, confrontés à des difficultés d’accès à l’emploi plus marquées, bénéficient de certains aménagements protecteurs, mais voient aussi la durée maximale d’indemnisation légèrement réduite avant 57 ans. Les créateurs d’entreprise, quant à eux, devront composer avec des règles de cumul plus strictes, susceptibles d’influer sur leur capacité à sécuriser leur parcours entrepreneurial.
Comme le soulignait déjà Me Laurent Moreuil, associé du cabinet Patchwork, dans une tribune parue dans Le Monde le 14.06.2024: « Les savants équilibres qui gouvernent le droit du travail et la protection sociale sont probablement sous-estimés ».
Une réflexion qui rappelle la nécessité de mesurer, au-delà des ajustements techniques, l’impact humain et économique de chaque réforme.